Cnoc An Tursa – The Forty Five

Aaaaah l’Ecosse, terre chargée d’histoire et de mystères. Et c’est de là que nous vient Cnoc An Tursa (se traduisant par « Colline de la pierre levée » en gaélique écossais), plus précisément de Falkirk, dont la devise est « Better Meddle wi’ the De’il than the Bairns O’ Falkirk » (« Mieux vaut s’associer au diable qu’aux gosses de Falkirk »).

Le groupe s’est formé en 2006 et se compose de quatre membres, dont trois faisant ou ayant fait partie de la formation live de Saor. On y retrouve donc Alan Buchan au chant et à la guitare, Reni Hill à la guitare et aux claviers, Bryan Hamilton à la batterie, et Tony Dunn à la basse. Suite à une première démo en 2008, le groupe sort un premier album cinq ans après, intitulé The Giants of Auld, paru chez Candlelight Records.

Contrairement à Saor qui se concentre davantage sur la nature et les paysages des Highlands, Cnoc An Tursa construit plutôt son univers en s’inspirant de l’histoire et de la poésie écossaises. Si leur premier album tournait principalement autour de la Vieille Alliance entre l’Ecosse, la France et la Norvège contre l’Angleterre, leur prochain album, qui paraîtra chez Apocalyptic Witchcraft Recordings, traite des rébellions jacobites qui ont frappé les îles britanniques entre 1688 et 1746. Ces révoltes avaient pour but de ramener Jacques Stuart, roi d’Ecosse et d’Angleterre, ainsi que ses successeurs, sur le trône dont ils avaient été privés par le Parlement, suite à la Glorieuse Révolution de 1688. The Forty Five fait directement référence à la deuxième rébellion jacobite qui a eu lieu en 1745. L’artwork illustre d’ailleurs les deux clans en plein affrontement, avec les Jacobites à gauche (représentés par l’étendard bleu) et l’armée britannique à droite.

L’album comprend huit morceaux, portant tous le titre d’un chant traditionnel écossais. Le morceau d’introduction, « Will ye ne come back again » est à l’origine un chant écrit par Carolina Oliphant (Lady Nairne) dans la première moitié du XIXème siècle, et qui retranscrit le sentiment d’espoir quant au retour de Bonnie Prince Charlie suite à sa défaite à Culloden. Cnoc An Tursa transforme ce chant en introduction instrumentale lors de laquelle on peut entendre des soldats en pleine bataille, ainsi que le souffle du vent et un air de cornemuse écossaise. Puis des claviers mélancoliques font leur entrée, suivis de chœurs masculins épiques, dans une dimension très orchestrale.

Puis vient « The Yellow Locks of Charlie », directement inspiré du chant traditionnel écossais d’Henry Scott Ridell. Bien que la comparaison avec Saor soit tentante, Cnoc An Tursa nous livre un black folklorique plus porté sur le côté épique que sur le côté atmosphérique. Les claviers et les chœurs renforcent cet aspect, et rendent l’ensemble grandiose et cinématographique. Quant au chant, celui-ci est à la fois hargneux et étouffé, et rappelle celui de Joni Snoro, chanteur de Frosttide. L’univers musical du groupe se rapprocherait de ce fait davantage de la formation finlandaise. Néanmoins, Cnoc An Tursa parvient à se démarquer en intégrant ici et là, mais jamais au hasard, des sonorités qui ne peuvent évoquer que l’Ecosse, à savoir celles de la cornemuse et de la flûte. Même si dans son ensemble, le groupe délivre une musique plus violente que celle de Saor, certains passages atmosphériques font songer à ce dernier, par exemple lors de l’association chœurs féminins/flûte.

De manière générale, Cnoc An Tursa alterne entre des morceaux assez longs (souvent entre sept et huit minutes) et des morceaux un peu plus courts, mais ô combien efficaces. « The Standard on the Braes o’ Mar » (L’Étendard de Braemar), chant d’Alexander Laing sur les soulèvements jacobites de Braemar en 1715, est l’un de ceux-là, mais c’est incontestablement « Sound the Pibroch », chant jacobite écrit à l’ère victorienne par Mrs Norman MacLeod, qui remporte la palme du morceau le plus mémorable de l’album. Le contraste avec le morceau précédent est du plus bel effet : « Flora MacDonald » est effectivement un interlude instrumental mélancolique aux claviers, et dont le titre renvoie à l’héroïne jacobite qui aida Edward Stuart à s’échapper de l’île de South Uist, où il s’était réfugié après la défaite des Jacobites lors de la bataille de Culloden Moor en 1746. Et sans transition démarre « Sound the Pibroch », morceau violent et rentre-dedans dans lequel le growl se fait plus agressif et répond à des chœurs guerriers. Lors des refrains, les claviers se montrent entraînants et appellent à l’envie de headbanguer. S’ensuivent des riffs de guitare absolument magnifiques, et mélodiques à souhait. Avec une flûte mélancolique, des chœurs et des riffs épiques en mid-tempo, le final en devient tout simplement émouvant, grandiose, et cinématographique. L’instant est si fort et intense que le morceau aurait été parfait pour clôturer l’album.

Mais il reste encore deux morceaux, et « The Last of the Stuarts » est finalement une bien belle manière de conclure l’album. Le titre fait référence à Anne, dernière souveraine de la lignée des Stuarts et première reine de Grande-Bretagne et d’Irlande. Le morceau commence sur une mélodie aux claviers, soutenus par des chœurs atmosphériques. Puis un air de cornemuse se fait entendre, avant que des riffs épiques ne reprennent la mélodie des claviers. Près de deux minutes viennent déjà de s’écouler, et tout porte à croire que l’album va se finir sur un morceau instrumental, qui s’annonce cinématographique et épique. Puis le growl et les guitares explosent soudainement, et nous voilà partis pour savourer une fin d’album épique, entraînante et vindicative.

Cnoc An Tursa a su exploiter tout son potentiel et a fait un véritable pas en avant avec The Forty Five, bien plus abouti que son prédécesseur. Les compositions sont inspirées, possèdent leur propre identité, et promettent de transporter les foules en live. Voilà donc un groupe qui est bien parti pour rejoindre l’élite de la scène metal britannique !

Fée Verte

9/10

Tracklist :

  1. Will Ye No Come Back Again
  2. The Yellow Locks of Charlie
  3. The Standard on the Braes o’Mar
  4. Wha Wadna Fecht for Charlie
  5. Flora MacDonald
  6. Sound the Pibroch
  7. Fuigheall
  8. The Last of the Stuarts

Sortie le 17/02/2017

Liens du groupe :

http://www.cnocantursa.com/
https://www.facebook.com/cnocantursa/?fref=ts

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