Cernunnos Pagan Fest XI – Jour 1

Il fait beau, les oiseaux chantent, les papillons virevoltent, les bourgeons pointent le bout de leur pistil … et il y a surtout des hordes de festivaliers venus spécialement de région parisienne et d’ailleurs pour la onzième édition du Cernunnos Pagan Fest ! Pour la troisième année consécutive, le festival axé sur les univers folk, pagan et médiévaux pose les armes à la Ferme du Buisson de Noisiel (Seine-et-Marne). Les organisateurs du festival avaient vu les choses en grand l’année dernière pour la dixième édition puisque l’événement s’était déroulé sur deux jours. L’expérience fut si concluante que pour notre plus grand bonheur, le festival a pour la deuxième fois duré tout le week-end du 23 et 24 février.

J’arrive sur place en ce premier jour de festival un peu après 13h. Et première constatation, même si la file d’attente pour entrer sur la partie payante du festival était assez longue, cela s’est finalement fait assez rapidement.

L’un de mes plus grands regrets de l’année dernière avait été de ne pas avoir pu profiter des quelques animations sur le campement et le Caravansérail. Et le premier dilemme ne s’est pas fait attendre bien longtemps : découvrirai-je Gofannon ou assisterai-je à la prestation de la formation de musique médiévale Tan Elleil ? La curiosité a fini par l’emporter et mon choix s’est porté sur Gofannon, me disant que j’aurai l’occasion de voir Tan Elleil le lendemain.

Du côté de Cide :

Nous y sommes ! Après des mois d’impatience, le Cernunnos Pagan Fest XI va ouvrir ses portes en ce beau samedi 23 février 2019. Première édition pour ma part dans ce cadre (la dernière édition pour moi était à la Loco), nous nous sommes bien organisés avec ma bande pour profiter le plus possible de cette édition. Des découvertes, des coups de cœur, d’excellentes surprises … Beaucoup de choses m’attendaient lors de cet événement. Étant principalement venu pour les concerts, j’ai pas mal de choses à dire donc c’est parti !

Après être arrivé sur Paris le vendredi soir, c’est lors d’un samedi matin bien ensoleillé que je découvre le cadre du Cernunnos. Et ma première grande surprise fut de voir que « la Ferme du Buisson » est située en pleine ville et non loin de tout, comme je m’y attendais. C’est déstabilisant au début mais on s’est rendu compte par la suite à quel point c’était bien pratique (supérette, parking, distributeur etc.). J’entre donc dans cette ferme insolite et je constate très vite l’excellente idée du fest de proposer bon nombre d’activités et d’artisanat médiéval, accessible gratuitement pour tout le monde. Dans cette zone, pas besoin d’avoir pris son pass pour accéder aux vendeurs et autres troupes. Un régal pour chacun et surtout une bonne occasion de faire découvrir cet univers aux plus curieux.

GOFANNON (Abreuvoir – 14h-14h40)

Le festival commence en douceur pour ma part avec Gofannon, qui nous vient tout droit de « Toulousie » ! Un argument de taille pour me convaincre d’aller découvrir le groupe en live, dans la mesure où le sud-ouest et moi, c’est une grande histoire d’amour ! A l’origine, Gofannon était un projet solo de Samuel Meric. Désormais, le chanteur, également flûtiste et clarinettiste sur scène, est entouré de trois autres musiciens : Rodolphe Johansson (violoncelle), Edouard Golfier (percussion) et Sarg Mercadier (guitare, chœurs). L’ambiance est posée ne serait-ce qu’avec les accessoires de scène : des bougies sont allumées, l’encens brûle, posé sur une épée, et une enclume et un marteau sont posés sur une souche d’arbre. Quant aux musiciens, chacun d’eux est assis sur un tabouret. Le groupe interprète une musique folk pagan qui sent bon le sud-ouest, « putaing cong » ! Dans la démarche, on pourrait rapprocher la formation midi-pyrénéenne de groupes comme Stille Volk, dans la mesure où les paroles sont essentiellement chantées en occitan. Néanmoins, l’intérêt que porte le groupe pour les langues étrangères en général est saillant. Celui-ci interprétera par exemple un morceau en suédois intitulé « Kvinnan från månen », un en anglais (« Seidhr ») et deux en français, à savoir « La Hilha » (se traduisant par « La Fille » en occitan) et « Le Chêne Vert », qui figurera sur le premier album dont la sortie est prévue pour avril prochain(g). Pour l’heure, Gofannon nous présente surtout des morceaux extraits de son premier EP Prosodie sorti en 2016. Entre percussions guerrières, chant diphonique et chœurs épiques, l’ambiance se veut assez solennelle. J’ai même manqué de verser une petite larme d’émotion pendant « Lo Boièr », morceau traditionnel cathare portant sur les rites mortuaires et les persécutions portées par les Catholiques sur les Albigeois durant la première moitié du XIIIème siècle. Bien que la prestation ait légèrement manqué de peps à mon sens, j’ai beaucoup apprécié la diversité des instruments utilisés sur scène (il y avait également de la guimbarde et un cor de chasse). Même le marteau frappant l’enclume servait d’instrument !

SETLIST : Lueur (Intro) / Lo Vilatge / Seidhr / Sempervirens / La Hilha / Lo Boièr / Kvinnan från månen / Le Chêne Vert

COMPAGNONS DU GRAS JAMBON (Halle – 14h45-15h35)

Rendez-vous à présent dans la grande salle de la Halle pour la prestation des Compagnons du Gras Jambon. Je ne comptais pas rester jusqu’à la fin du set pour m’assurer une place de choix pour le concert suivant, mais je tenais tout de même à en voir une partie, dans la mesure où j’avais raté leur concert au Cernunnos Pagan Fest de 2015 pour une raison obscure. Et je ne l’ai absolument pas regretté, car ce fut un très bon moment ! Amateurs de Naheulband et autres groupes fun, ce groupe sera votre meilleur remède. C’était festif, énergique, et surtout, plein d’humour ! Le groupe nous fait voyager à travers sa musique, tout d’abord en Europe de l’est pour nous conter l’histoire du héros local, Super Cosaque ! Quant au morceau suivant, qui est le seul de la discographie du groupe chanté en français, celui-ci nous emmène en terres bretonnes. Le chanteur demande alors notre participation active, car « les paroles ne sont pas difficiles, comme dans toutes les chansons bretonnes, il suffit de répéter » ! Mais le groupe ne s’arrête pas là et nous sollicitera une fois de plus pour battre un record, et pas des moindres, celui du plus grand « flash mob médiéval ». Le chanteur nous explique le principe : apprendre une chorégraphie débile pour illustrer les paroles d’une chanson … et c’est là que l’on intervient ! C’est comme cela que nous nous sommes retrouvés à imiter différentes bestioles. Ouais super, on est dans le Guinness Book ! Le groupe nous présente ensuite un nouvel extrait de son prochain album qui sortira le 3 avril. Comme nous l’a dit le chanteur, les Compagnons ne nous auront jamais emmenés aussi loin, puisque le morceau a pour cadre le désert de Gobi. C’est après ce morceau que j’ai été contrainte de quitter la salle. En tout cas, les airs médiévaux de nos joyeux Compagnons résonnent encore à mes oreilles !

Les impressions de Cide :

Ayant eu du mal à trouver où me rendre pour obtenir mon accréditation (oui je me suis perdu et le festival offre très peu d’indications), c’est avec tristesse que je sacrifie Gofannon pour bien me placer pour Les Compagnons du Gras Jambon, groupe français de folk festif dont le dernier album Fat ham gang est sorti en 2017. Premier concert pour ma part dans la grande salle. Elle est suffisamment grande pour ne pas se marcher dessus et la scène suffisamment haute pour bien apprécier le show de loin. Mon premier concert sera donc du Folk pur malgré l’orientation très « metal » du groupe. En effet le groupe va nous proposer tantôt des titres très rythmés et rentre-dedans et tantôt des titres ultra festifs et endiablés. Dès les premières notes je suis conquis par le groupe que je vois pour la première fois, avec un frontman très communicatif et surtout très inspiré dans son rapport avec le public. Le groupe reprendra même « Maître de maison », chanson traditionnelle bretonne (oui je suis de Nantes donc voilà hein ;)) et un autre titre où le public sera particulièrement sollicité pour faire ce que le groupe appelle « un lead-up folk ». Simple, efficace avec un très bon son, ce premier concert m’aura conquis à 100% et c’est avec plaisir que je les retrouverai lors de la 3ème édition du Lid Ar Morrigan à Vallet le samedi 18 mai.

VANAHEIM (Abreuvoir – 15h40-16h25)

J’avais découvert la jeune formation néerlandaise en live l’année dernière lors du Ragnarök Festival, et j’avais grande hâte de la revoir à nouveau sur scène ! Pour ceux et celles qui adorent suivre mes mésaventures, vous vous souvenez qu’après avoir égaré la Sainte Sacoche, j’avais eu du mal à profiter lors du festival allemand. Malgré cela, Vanaheim était l’un des rares groupes à l’affiche qui avait à peu de choses près réussi à me remonter le moral, mais je comptais bien sur leur set du Cernunnos pour me rattraper ! Le groupe prépare actuellement son premier album, et il faudra une fois de plus se contenter des morceaux de l’EP The House Spirit. La setlist était donc identique à celle du Ragnarök, mais cela ne m’a aucunement gênée, car maintenant que je connais bien les morceaux du groupe, je me suis plu à chanter à tue-tête ! Les membres du groupe entrent en scène à la fin d’une introduction épique où les cuivres sont rois. Chacun d’eux sont maquillés façon warpaints, et le chanteur ose une petite extravagance scénique en portant des klompen (sabots en bois typiques des Pays-Bas) ! Mais cela ne durera que le temps du premier morceau, « bon je vais retirer ces chaussures ridicules ». Musicalement, le groupe propose un pagan/folk metal à la fois épique et festif, quelque part entre Finntroll et Equilibrium … mais pas que ! En effet, tandis que les chœurs rappellent assez fortement Moonsorrow, le chant chamanique pourrait quant à lui plutôt faire penser à Wardruna. Je m’étais déjà fait la remarque au Ragnarök, mais j’étais une fois de plus ravie qu’un groupe aussi jeune soit si à l’aise sur scène ! Le groupe était content d’aller à la rencontre du public français pour la première fois, et ça se voyait ! Le chanteur faisait l’effort de parler français, et a même relevé un spectateur qui avait failli tomber au premier rang. Oui, parce qu’il faut dire que ça remuait pas mal dans la fosse, et cela me faisait bien plaisir que le public fasse honneur au groupe en lançant les premiers pogos, circle pits et slams de la journée (du moins, à ma connaissance). Je noterais comme uniques bémols le souci technique rencontré par le bassiste (assez vite réglé heureusement), et un son un peu brouillon, bien que cela ne devait être du fait du groupe. Le concert finira en beauté avec « The Dwarven Chant », lors duquel le chanteur se jettera dans la fosse pour slammer !

Les impressions de Cide :

A peine remis de mes émotions, j’enchaîne avec Vanaheim, groupe de metal épique hollandais ayant sorti son premier EP The House Spirit en 2017. J’attendais ce groupe de pied ferme car il propose une musique à mi-chemin entre Equilibrium et Moonsorrow, ce qui, sur l’EP, m’a vendu du rêve. Donc malgré un excellent show et des zicos en très grande forme, je constate très vite que le son de cette salle va me gâcher le plaisir. En effet, le groupe jouant beaucoup sur ses samples, ces derniers couvriront littéralement la guitare, la basse et même parfois le chant. Petite déception pour moi mais je ne jette pas la faute au groupe qui a vraiment tout donné et qui nous a communiqué une sympathie hors norme. Pour l’anecdote, directement après le show, le groupe ne prend même pas la peine de se démaquiller pour aller « camper » au bar principal du fest pour tout le reste de la journée (au moins on savait où les trouver).

SETLIST : Intro / From the Dark Lands / Daughter of the Dawn / Domovoi / Bound Between Times / The Dwarven Chant

CEMICAN (Halle – 16h30-17h15)

Ayant une interview avec Baldrs Draumar juste après le concert de Vanaheim (et voulant profiter ensuite de la signing session de ces derniers), je n’ai pu assister au set des Mexicains, mais pas de panique, mes collègues se chargent de vous faire un petit compte-rendu !

Heureusement, Cide arrive à la rescousse :

Pas le temps de souffler que mes amis me conseillent fortement d’aller jeter une oreille à Cemican, groupe mexicain de Maïa/Metal dont le dernier album Estamos en el vallede los muertos Ticateh Ipan Miquixtlahuac (à mes souhaits) est sorti en 2012. On me vend ça comme du Metal tribal à la Sepultura avec un côté folklorique Maïa poussé à son extrême. Alors pour ceux qui me connaissent, je sors souvent cette phrase « quitte à faire un groupe concept, soit tu le fais à fond soit tu ne le fais pas ». Et bien Cemican va être ni plus ni moins mon gros coup de cœur de ce samedi. Tout est là pour que l’on s’en prenne plein les oreilles mais aussi plein les yeux. Des rythmes tribaux à mort, des protagonistes peinturlurés façon Maïa de la tête aux pieds, des sonneurs de chaque côté de la scène, un chaman Maïa déguisé avec des masques somptueux…non, rien à redire, le groupe me met une énorme baffe. Je pourrais chipoter en disant que la guitare n’était pas toujours très audible mais franchement je n’ai pas vu passer les 45 minutes de show. J’apprends même qu’ils seront présents au Hellfest 2019. Je pense que mon corps épousera à merveille la barre du premier rang lors de cette prestation. Pour l’anecdote (et oui encore), le chaman a effectué un « faux sacrifice » pendant le show et j’apprends par la sacrifiée (une amie à moi) que cette idée leur est venue dans les loges quelques heures avant le concert et que le groupe est adorable … Que demander de plus ?! Cemican m’a tellement foutu sur le cul que j’en oublie de le relever pour aller voir Nytt Land qui proposera un show folk/acoustique pour ce fest.

SETLIST : Intro / Guerreros de Cemican / Anahuak / Tzontecotl / La que baja de las estrellas / Xipe Totec / Ritual / Azteca Soy / Yaotecatl / Mixteco

NYTT LAND (Abreuvoir – 17h20-18h05)

Place à Nytt Land qui nous vient des terres désolées de Sibérie. Sur scène, le projet ne compte que deux membres, à savoir le couple Natalya – Anatoly Pahalenko. Tandis que son conjoint porte un foulard comme un masque sur le visage, la demoiselle est vêtue d’un haillon et une fourrure de renard polaire est posée sur sa tête. L’une chante et joue du tambour, l’un seconde au chant et est en charge de divers instruments (tagelharpa, guimbarde, tin whistle, cor de chasse, percussions et programmation des samples). La particularité principale du groupe, c’est l’utilisation de diverses techniques de chant (principalement typiques de Sibérie mais également de Touva et de Sápmi). Mais ce qui rend Nytt Land si unique, c’est la performance de sa chanteuse, car la technique de chant qu’elle utilise (appelée « kargyraa ») n’est quasiment pratiquée que par des hommes à cause de son caractère physique. Le groupe nous transporte ainsi dans son univers si particulier, à la croisée des mondes sibériens, mongoliens et scandinaves. Le public est comme en transe, et se laisse emporter par cette musique rituelle proche de groupes comme Wardruna et Heilung.

Les impressions d’Herja :

Mon premier concert entier de la journée fut celui de Nytt Land. Si j’ai apprécié le dernier album, je m’attendais vraiment à voir ce que cela allait donner en live. Au vue de la nature ritualiste et ambiante de leur musique, l’immersion avait un fort potentiel !

Le couple arrive très simplement sur scène et les deux musiciens se placent face à leurs instruments. Ils sont costumés (ou plutôt, vêtus de haillons) et masqués, ce qui apporte vraiment une aura un peu particulière sans non plus tomber dans l’exagération (le reste de la « mise en scène » n’étant que sobriété).

Je regrette par contre l’utilisation des lumières bleues qui faisaient limite salle des fêtes… C’est ce qui m’a, au final, empêchée de vraiment m’immerger dans leur musique. Je m’attendais à quelque chose d’un peu plus « rustique » disons, pour être en accord avec le reste de la mise en scène (sommaire, mais tout de même non négligeable).

Pour le reste, chapeau bas : malgré l’utilisation de quelques samples, une grosse partie de leur musique est faite sur scène, uniquement à deux. Les Sibériens arrivant à conjuguer l’utilisation de percussions diverses et variées et leur technique de chant si particulière.

Je dois cependant m’éclipser cinq petites minutes avant la fin du set, histoire de me placer pour le groupe suivant … Celui que j’attendais le plus du week-end.

SETLIST : Darraðarljóð / Ragnarök / Snow / Deyr Fé / Fenris kinder / Вороны / Гномы / Vӧluspa / Ханты / Песнь о риге / Sal sér hon standa / Hailing Aesir

AORLHAC (Halle – 18h10-19h)

Nous nous retrouvons à présent dans la Halle pour retrouver les initiateurs de la trilogie des vents : Aorlhac. Le groupe est originaire d’Aurillac (le nom « Aorlhac » fait d’ailleurs référence à la cité auvergnate, « Orlhac » en occitan). A travers un black metal à tendance fortement épique, Aorlhac explore la culture occitane à l’époque médiévale avec des textes chantés en français. On pourrait alors rapprocher le groupe de formations telles que Sühnopfer et Darkenhöld dans la démarche artistique. Je pense que le fait que les morceaux soient chantés en français aide au côté fédérateur, le public reprenait les paroles en chœur avec un enthousiasme non dissimulé. Je ne serai malheureusement pas restée jusqu’au bout du set, premier rang pour Baldrs Draumar oblige !

Les impressions d’Herja … :

Dire que j’étais impatiente de voir Aorlhac relève presque de l’euphémisme … Et autant le dire d’entrée de jeu, ils ne m’ont pas déçue !

Le groupe débarque sur l’outro instrumentale puis le premier titre de leur dernier album. La setlist sera d’ailleurs surtout centrée sur L’esprit des Vents sorti l’année dernière chez Les Acteurs de l’Ombre et le deuxième album, La cité des vents.

Je déplore tout de même le son parfois un peu trop chargé en basses qui vous aura peut-être empêché de reconnaître certains morceaux si vous ne les connaissiez pas déjà plutôt bien. En revanche, l’énergie déployée sur scène fait vite oublier ce désagrément, avec un Spellbound (frontman du groupe) en grande forme. Particulièrement mobile, il occupe une bonne partie de la scène à lui tout seul sans pour autant éclipser ses comparses, vient régulièrement voir le public, interagit avec lui, etc. Celui-ci semble d’ailleurs largement au rendez-vous, ça se bouscule dans la fosse, ça headbangue dur dans les premiers rangs … Les lyrics en français en auront sûrement déstabilisé certains, comme d’habitude, mais le Black Metal épique et mélodique d’Aorlhac nous aura définitivement fait voyager à travers le passé occitan si bien narré par leurs compos. J’ai difficilement vu le temps passer, et déjà Spellbound nous annonce le dernier morceau et nous donne rendez-vous au prochain concert du groupe. Un beau moment dont on ressort avec l’impression de s’être pris une grosse fessée. Vivement la prochaine fois !

… Et celles de Cide :

C’est donc bien placé que j’attends la performance d’Aorlhac, groupe de black Metal médiéval ayant récemment signé chez les Acteurs de l’ombre pour leur dernier album L’esprit des Vents. Avant même le début du show, je constate la vitesse à laquelle la salle se remplit, signifiant que le groupe était très attendu. Et j’ai très vite compris pourquoi. La performance du groupe est juste énorme. Ce que je note surtout, c’est la qualité du son qui est parfaite. Les ayant déjà vus une fois aux Feux de Beltane, je remarque que le groupe progresse très bien pour ce qui est (de ce que j’ai compris) leur troisième show depuis que le groupe existe. D’ailleurs, le charismatique frontman se fera un plaisir de nous faire remarquer que c’est leur plus gros show depuis leurs débuts. Pour l’anecdote, j’ai remarqué pendant tout le concert que le guitariste et le bassiste regardaient beaucoup le batteur, ce dernier ayant à un moment commencé le mauvais titre. On me fait remarquer juste après que le batteur est nouveau et que ce n’était pas le même que celui de Beltane. Donc chapeau bas à lui car la performance était clairement au rendez-vous.

SETLIST : L’esprit des vents (intro) / Aldérica / Plérion / Saint Flor, la cité des vents / La révolte des tuchins / Le charroi de Nîmes / L’ora es venguda / Les enfants des limbes / Mandrin, l’enfant perdu / Le bûcher des Cathares

BALDRS DRAUMAR (Abreuvoir – 19h05-19h50)

Je m’apprête à voir mes autres chouchous néerlandais pour la troisième fois. En revanche, c’est la première fois que je vais les voir en concert acoustique, et j’ai hâte de voir ce que cela va donner. Les quatre musiciens arrivent sur scène en tenue traditionnelle. Tout au long du set, je serai ravie de voir la polyvalence de chaque membre, car c’était la première fois que je les voyais jouer des instruments « non metal ». Wildgeraesch, chanteur principal du groupe, était à la guitare acoustique, comme Vuurschpuwer, Dondervuyscht au cajón, au bodhrán et au tambour, et Zuypschuyt jouait de l’accordéon, de la flûte, du cor de chasse et du bouzouki. Comme le groupe me l’a expliqué lors de l’interview, les musiciens adoptent davantage l’attitude de scaldes contant les exploits et autres légendes de leurs ancêtres vikings, à travers des morceaux intégralement chantés en frison. Le groupe prend ainsi le temps d’expliquer l’histoire de chaque morceau. Par exemple, le festif « Hymirs Tsjettel » parle de la bière et de son dieu Hymir. C’est donc l’occasion de prendre un petit cours de frison pour que l’on puisse chanter les paroles du refrain avec le groupe. Dondervuyscht nous encourage à taper des mains en montant sur son cajón. Le morceau suivant, « As de Loften Brekke », se voudra plus solennel puisqu’il traite de la guerre et du Valhalla. Le groupe fête cette année ses dix ans d’existence, et celui-ci nous offre aujourd’hui un extrait de son prochain album, faisant référence au dieu de la mer Njörd (Jort chez les Frisons). Pour annoncer le morceau suivant, le chanteur raconte que lors d’un festival au Danemark, ils ne retrouvaient plus leur acolyte Dondervuyscht. Ils ont fini par le trouver, complètement bourré, avec une chèvre. C’est donc l’histoire de « Fan Keardel en Skiep », et c’est comme ça que nous nous sommes mis à bêler (oui, on avait l’air très intelligent). Yihouuu !!! Le set touche bientôt à sa fin, et Wildgeraesch se retrouve seul sur scène pour chanter le retour du printemps avec « Eastre ». Le reste du groupe revient ensuite sur scène pour un dernier morceau, « Hva Faen », qui se traduit tout bonnement par « What the f**k » en frison ! Pourquoi avoir appelé cette chanson ainsi ? Dondervuyscht l’explique : les Vikings norvégiens voulaient accoster sur les terres anglaises, mais ils étaient tellement bourrés qu’ils ont amerri sur les côtés frisonnes … « Hva Faen ! ».

Les impressions d’Herja :

Arrivée pile au début du set, j’ai réussi à me frayer un passage vers les premiers rangs. L’abreuvoir était tout de même bien rempli !

Baldrs Draumar nous présentait un concert en acoustique aujourd’hui, pour mon plus grand plaisir. Je pense en effet que j’aurais largement moins apprécié un set « metal », mais là, j’ai passé un très bon moment.

L’ambiance était très chaleureuse et conviviale, le groupe de très bonne humeur. On était manifestement face à des musiciens ravis d’échanger avec le public, de l’inviter à chanter les mélodies, frapper des mains en rythme ou encore de nous apprendre un ou deux mots très simples de leur langue, histoire qu’on puisse chanter le refrain avec eux. Aucun membre ne semble « piquer la vedette » à l’autre d’ailleurs, ce qui était vraiment agréable à voir et ajoutait à l’ambiance sympathique qui se dégageait du concert.

Bref, ce set un peu plus calme m’a donné l’occasion de me poser un peu tout en passant un très bon moment.

SETLIST : Tsjoch Op / Ravens / Thuners Fjoer / Skyldfrou / Magna Frisia / Hymirs Tsjettel / As de Loften Brekke / Jort / Fan Keardel en Skiep / Fan Fryslans Ferline / Eastre / Hva Faen

ŻYWIOŁAK (Halle – 19h55-20h45)

* Pause miam ! *

Les impressions d’Herja :

J’ai découvert les Polonais justement grâce à l’affiche de ce week-end, et autant dire que ce que j’avais écouté en amont m’avait pas mal emballée. J’étais donc plutôt enthousiaste à l’idée de les voir en live ce samedi !

Encore une fois, il faut se frayer un chemin à travers la foule, du fait du peu de temps de battement entre les concerts. Coincée tout au bout du premier rang, je profite tout de même à fond de ce beau moment.

Avec une mise en scène minimaliste – pour ne pas dire inexistante – les Polonais arrivent à en imposer avec des compos instaurant une ambiance assez singulière. Ils échangeront à plusieurs reprises avec nous ce soir, principalement pour nous présenter leur univers et l’histoire de chaque morceau. En effet, Zywiolak puise ses racines dans les légendes obscures de leur terre natale et plus précisément de Poméranie. Les créatures fantastiques, démons et autres êtres mythologiques sont au rendez-vous, s’incarnant de manière particulièrement vivace dans les lignes de chants tarabiscotées, ou encore les différents instruments utilisés sur scène. Outre des instruments à cordes comme un violon, d’autres plus percussifs semblant être faits de bric et de broc seront aussi utilisés. Avoir deux personnes au chant, avec un timbre plus grave et un plus aigu leur permet également de créer une musique évocatrice. La vocaliste et la batteuse m’ont toutes deux impressionnée par leur virtuosité dans leur domaine respectif.

Et malgré la nature folk et bien loin du metal de leur musique, je lui trouve un caractère résolument moderne. J’ai aussi perçu ce dualisme sur scène, avec des instruments plutôt anciens maniés par des hommes et des femmes en tenue « moderne », ne s’embarrassant pas de costumes.

Bref. Encore un très bon concert qu’on n’oubliera pas de sitôt et qui m’aura creusé l’appétit !

Le seul véritable point négatif est le peu de temps de battement entre les sets. Ayant enchaîné Nytt Land, Aorlhac, Baldrs Draumar et Zywiolak sans pause, j’avais besoin de respirer un peu et surtout de manger … Ce qui m’a fait rater le concert de Horn, que j’avais pourtant très envie de voir. Dix petites minutes de plus auraient été suffisantes pour souffler et prendre ma crêpe avant d’aller voir le projet allemand, mais je suis finalement allée me placer pour Månegarm.

SETLIST : Epopeja wandalska / Marzanna / Sol Invictus / Morski król / Rowokół / Świdryga i Midryga / Bóstwa / Czarodzielnica / Femina

HORN (Abreuvoir – 20h50-21h40)

J’attendais avec une certaine impatience de découvrir le projet du musicien Nerrath en live, dans la mesure où celui-ci ne fait des concerts que depuis peu. Accompagné de ses musiciens de session, c’était donc le premier passage de Horn en France en dix-sept ans d’existence. Malheureusement, je n’ai pas profité du concert aussi bien qu’escompté, car j’ai égaré en début de set mon carnet qui contenait toutes mes notes pour le futur live report. Je l’aurai finalement retrouvé le lendemain, mais autant dire que sur le coup, j’ai eu du mal à apprécier le concert à sa juste valeur. C’est pourquoi je passe le relais à mes collègues qui sauront mieux vous en parler.

Cide, notre sauveur, arrive encore à la rescousse :

Le temps d’une pause miam miam, je mets de côté Baldrs Draumar (oui les shows acoustiques c’est pas trop pour moi) et Zywiolak, pour me concentrer sur la qualité de la nourriture et de la boisson présentes sur le fest. Viande, légumes, féculents, il y en a pour tous les goûts et je peux vous dire qu’on ne nous sert pas de petites assiettes. Les bénévoles et serveurs sont tous très amicaux et professionnels et je ne boude pas mon plaisir sur chaque détail culinaire de ce fest. L’hydromel aura même été victime de son succès par une rupture de stock en début de soirée.

C’est donc pour la digestion que je m’installe pour Horn, groupe de Pagan/Black allemand ayant sorti leur EP Retrograd en 2018. En attendant que le groupe s’installe, j’en profite pour faire une petite recherche et je constate que le groupe est très actif niveau sorties d’albums, comptant quasiment un disque tous les deux ans depuis 2005. Respect ! Économisant mes forces pour la suite, je reste en arrière pour cette fois mais c’est avec un grand plaisir que je remarque que le son est très propre et le groupe nous livre un bon Black’n roll sur certains titres qui captera clairement mon attention. Le chanteur est très communicatif et la prestation est très fluide et enivrante. On sent que le groupe a de l’expérience et ce sera un plaisir de les revoir avec de la fatigue en moins. C’est donc avec un très grand sourire de satisfaction que je quitte le groupe avant la fin de leur show pour bien me placer pour Månegarm.

MÅNEGARM (Halle – 21h45-23h)

Je craignais de ne pas bien profiter non plus du concert de Månegarm suite à ma mésaventure, et finalement, ce fut tellement bien que j’en ai oublié mes petits tracas ! Je me trouvais assez loin de la scène au début du set, puis je me suis rapprochée peu à peu, jusqu’à me retrouver quasiment au premier rang. Bien que le dernier album soit loin d’être mon préféré, la prestation du groupe était plus que satisfaisante. Mes deux albums préférés que sont Legions of the North et Nattväsen ont été représentés avec un morceau chacun, et le groupe nous a présenté en exclusivité deux morceaux issus de son prochain album Fornaldarsagor (« Hervords arv » et « Tvenne drömmar »). J’ajouterais que le violon était bien sonorisé, ce qui contribuait à l’ambiance festive, et j’étais contente de retrouver le guitariste Tobias Rydsheim, qui joue également pour Wormwood, un autre groupe que j’aime beaucoup.

Les impressions de Cide :

Tête d’affiche de cette première journée de festival, Månegarm est un groupe de Viking/Metal suédois ayant signé il y a un bon moment chez Napalm records, et dont le prochain album Fornaldarsagor est prévu pour le mois d’avril. Connaissant le groupe depuis très longtemps (formé en 1996), je les ai vus pour la première fois au Hellfest 2018. Étant ni plus ni moins que le groupe préféré de ma compagne, je peux vous dire que je connais la plupart des titres par cœur. C’est donc après des balances très rapides mais efficaces que le groupe commence son show. Groupe de Napalm Records oblige, la prestation est très professionnelle, carré et calée. Le groupe joue principalement des titres de leur dernier album au titre éponyme. Pour être sincère, le groupe va clairement favoriser les titres les plus rock’n’roll et parfois même les ballades aux titres Black/Metal des premiers albums, ce qui va parfois me faire râler. Mais malgré cette orientation très affirmée, le groupe nous propose en exclusivité un titre de leur prochain album à venir et bim ! Prends-toi ça dans la figure : un morceau violent à souhait qui donne clairement envie de chopper l’album à sa sortie. Donc show en demi-teinte pour moi mais j’ai clairement passé un très bon moment et j’ai personnellement tout donné sur la fin (on pourra même m’apercevoir au premier rang de la photo de fin de concert).

C’est donc sur les dédicaces en after-show de Månegarm que se termine ce premier jour de fest pour moi. Je n’ai clairement pas vu la journée passer tellement j’allais de surprise en surprise. C’est donc avec des étoiles plein les yeux que je pars me coucher pour être fin(ntroll) prêt pour le lendemain.

SETLIST : Intro / Tagen av daga / Hordes of Hel / Vedergällningens tid / Hervors arv / Kraft / Nattsjäl, drömsjäl / Blodörn / Fimbultrollet + Fiolgnisslet / Tvenne drömmar / Odin owns ye all / Hemfärd

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