Cécile Corbel – Médiathèque de Fontenay-aux-Roses

Il nous paraît bien loin, ce temps où nous pouvions assister à des concerts, non pas devant un écran mais face à une vraie scène, avec un vrai public… Alors que tout espoir de retourner en concert avant au moins la fin de l’année semblait perdu pour moi, j’appris tout à fait par hasard que la harpiste bretonne Cécile Corbel était de passage pour un concert gratuit (sur réservation) dans un département voisin du mien, soit dans les Hauts-de-Seine, plus précisément dans la commune de Fontenay-aux-Roses, le 23 septembre.

Le rendez-vous était donné à 16h dans la cour intérieure du château situé derrière la médiathèque. Le concert s’est donc tenu en plein air, et face à la météo incertaine, une tonnelle avait été installée. Compte tenu de la situation sanitaire, les mesures barrières ont été prises : désinfection des mains au gel hydroalcoolique, port du masque obligatoire et places assises avec distanciation d’un mètre. Avant le début du concert, on nous fait un rappel des mesures sanitaires à respecter. Vient ensuite une rapide présentation de l’artiste, véritable référence en matière de musique celtique, également connue pour avoir composé la chanson principale du film d’animation japonais Arrietty : Le Petit Monde des Chapardeurs. Cécile Corbel est en effet très attachée à la culture japonaise, en plus de la culture celtique. L’artiste bretonne a sorti son nouvel album intitulé Enfant du Vent l’an dernier chez Polydor/Universal Music. Le concert devait initialement avoir lieu en mars et a été reporté.

Une bonne trentaine de personnes est maintenant installée devant la petite scène pour ce concert familial. On retrouve donc toutes les générations, la musique de Cécile étant destinée aux plus jeunes comme aux grands enfants que nous sommes. Etant arrivée tôt, j’ai eu la chance d’être placée au premier rang. Il est temps d’accueillir Cécile, accompagnée de son acolyte Simon Caby aux chœurs, au piano et aux arrangements instrumentaux. La musicienne s’accompagne quant à elle bien entendu de sa harpe, et sa voix nous enveloppe d’un voile de douceur.

Avant de commencer à jouer, Cécile nous explique qu’il s’agit de son neuvième concert depuis le mois de juillet, puis nous invite à faire des prières ou autres incantations afin que la pluie nous épargne pendant une heure. La harpiste nous met ensuite en conditions, réveille l’âme d’enfant qui sommeille en chacun de nous et fait travailler notre imagination. Quelques notes de harpe, et nous voici à la jetée du port avec le morceau « Trois bateaux », issu du dernier album. Tout au long du concert, Cécile nous fait voyager, tout d’abord sur la terre de légendes qu’est la Bretagne avec « Entendez-vous ? ». Direction ensuite une autre terre à l’identité bien marquée : l’Irlande. En verte Eire, il n’y a pas une colline, pas un château, pas un chemin avec ses murets derrière lesquels se cache une histoire. En Irlande, il y a aussi les « gypsies », ces gitans qui ont le pouvoir d’ensorceler à la seule force de leur musique. C’est l’histoire du morceau « Joli whistle », qui fut l’un de mes préférés de ce concert pour son côté entraînant. Le public n’a d’ailleurs pas manqué de taper dans les mains, à défaut de ne pas pouvoir danser une gigue.

On reste un peu en Irlande, du côté de la baie de Galway, dans un couvent localement appelé « Magdalene laundry ». Beaucoup de bébés y naissaient et étaient adoptés de force, bien souvent par des familles américaines. Dans « Petit fantôme », Cécile nous conte l’histoire « presque vraie » d’un petit garçon de dix ans né dans un de ces couvents et séparé de sa mère à la naissance. Cette chanson fort émouvante n’a pas manqué de me faire verser une petite larme (et oui, je n’ai pas perdu ma bonne habitude de pleurer pendant un concert).

On retourne en Bretagne avec une berceuse traditionnelle chantée en breton et saupoudrée d’un brin de mélancolie : « Toutouig ». S’ensuit une chanson d’amour « pour quiconque aime quelqu’un d’autre » intitulée « Entre ses bras ».

Je vous disais plus haut que Cécile portait une profonde affection pour la culture japonaise, car l’artiste lui trouve des similitudes avec la culture bretonne pour ses légendes. « Sans faire un bruit » parle justement de créatures folkloriques appelées « femmes-renardes » (« kitsune » en japonais), surgissant à la nuit tombée. Cécile interprète ensuite une chanson tirée du film d’animation Arrietty, du nom de cette petite créature vivant dans un jardin de Tokyo. La chanson suivante parle au contraire d’une créature gigantesque tapie au fond d’une foret au Japon, et que seuls les enfants peuvent voir (mais comme nous sommes des grands enfants, on devrait pouvoir la voir aussi). Quel ne fut pas mon plaisir d’entendre la bande-son d’un de mes Miyazaki préférés : Mon Voisin Totorro. Cécile interprète ensuite un morceau initialement chanté en duo avec Misaki Iwasa, mais la chanteuse japonaise n’a pas pu venir car « elle a un défaut, elle ne sait pas voyager au dos du vent ». « Sayonara No Natsu », bande-son de La Colline aux coquelicots, peut être perçu comme un au revoir à l’été.

Cécile a toujours aimé les contes pour enfants, mais n’a jamais été très convaincue par les fins du type « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Non, ce que Cécile préférait, c’était une fin où tout le monde était convié à un grand bal. La harpiste nous invite donc « au bal des chats et des souris ». Une fois encore, le public frappe des mains.

La langue française et ses expressions offrent parfois son lot de bizarreries. On dit « qui se ressemble s’assemble », mais on dit aussi « les opposés s’attirent ». A quel dicton faut-il se fier dans ce cas-là ? C’est l’histoire de la chanson d’amour entre un capitaine et une sirène : « Si différents ». Il est 17h, le concert touche bientôt à sa fin, et Cécile nous chante une autre berceuse, d’Occitanie cette fois-ci. La harpiste et Simon Coby nous remercient et nous saluent sur le titre « Goodbye my friend », puis nous offrent un dernier rappel avec une autre chanson tirée d’Arrietty, tant qu’il ne pleut pas encore.

Avant de repartir, je n’ai pas manqué de récupérer la setlist du concert et d’acheter le dernier album de Cécile. J’en ai profité pour échanger quelques mots avec la musicienne et pour faire signer mon CD. Un grand merci à Cécile pour ce très beau concert dont je suis ressortie absolument comblée, au plaisir de la revoir !

SETLIST : Trois bateaux / Entendez-vous / Joli whistle / Petit fantôme / Toutouig / Entre ses bras / Sans faire un bruit / Arrietty / Sho’s Lament / Tonari no Totoro / Sayonara No Natsu / Le bal des chats / Si différents / (Berceuse) / Goodbye my friend / Dori Dori

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