Carach Angren / Wolfheart / Thy Antichrist / Nevalra

Sous la grisaille et la pluie, à peine rentrée du Throne Fest, Garmonbozia m’a à nouveau fait sortir de chez moi pour prendre la direction du XXème arrondissement et de la Maroquinerie. Au programme, une affiche Black/Death orientée symphonique et mélodique avec les Néerlandais de Carach Angren, les Finlandais de Wolfheart, ainsi que Thy Antichrist de Colombie et la formation Etats-Unienne Nevalra. La tournée « Pitch Black Summer 2019 » s’arrêtera d’ailleurs pour plusieurs dates en France : Paris, Toulouse, puis le Hellfest pour Carach Angren et Wolfheart.

NEVALRA

La salle n’est pas encore bien remplie pour Nevalra qui investit la scène vers 19h. Le groupe est en fait un trio composé d’un batteur, un guitariste/chanteur et un bassiste effectuant parfois quelques vocaux additionnels. Formé en 2013, le combo a à son actif un EP datant de 2015 et un premier album sorti tout juste vendredi dernier.

Et là, problème : je n’entends que la batterie et la basse et m’inquiète de fait un peu pour le reste de la soirée. Bon, quand les basses sont un peu moins présentes, j’arrive à distinguer quelques leads de guitare et parties vocales mais ce n’est pas évident. Ce que j’ai entendu ressemblait en tout cas à un black/death au tempo plutôt soutenu, alternant entre leads mélodiques rapides et parties rythmiques propices au headbang. Le chant semblait lui se situer entre une voix typée black pour le guitariste, soutenue par un growl un peu plus death venant du bassiste. Le premier s’adressera d’ailleurs une ou deux fois à nous pour nous présenter le groupe.

THY ANTICHRIST

Alors qu’ils quittent la scène, le changement de décor se fait très rapidement et c’est Thy Antichrist qui prend le relais. Existant depuis 1998, les Colombiens ont sorti deux albums, dont le dernier, Wrath of the beast, l’an dernier. Autant le dire directement, je ne suis pas vraiment fan sur album et ne m’attendais donc pas non plus à apprécier leur Black « raw » et primitif en live. Si j’apprécie quelques formations sud-américaines pionnières qui jouent dans la même cour, Thy Antichrist vise un peu à côté de la plaque pour moi … Je n’adhère pas, ça arrive, mais le groupe comportait apparemment bon nombre d’adeptes enthousiastes parmi le public. Leur dégaine jusqu’au-boutiste fait plus sourire qu’autre chose, ainsi que la gestuelle exagérée du frontman. Mais bon, ce côté-là semble totalement assumé par le groupe. Plus nombreux (cinq) que Nevalra, la scène ne leur laisse malheureusement pas beaucoup de place pour bouger, mais le chanteur se montrera tout de même assez charismatique et interagit pas mal avec les premiers rangs pendant les morceaux. Par contre, pas moyen d’entendre ses vocaux. Le son est tout de même meilleur que Nevalra, j’arrive à entendre à peu près tout … sauf le chant. La musique étant en soi assez efficace, le set passe au final sans trop de difficultés. Mais j’attends la suite avec impatience.

WOLFHEART

Le Melodeath n’est pas vraiment un style dans lequel je cherche à faire de nouvelles découvertes. C’est un des premiers styles de Metal que j’ai écouté et je reste pas mal sur mes acquis. Donc … j’ai découvert Wolfheart un peu par hasard et surtout après tout le monde, lors de la sortie de leur dernier album Constellation of the Black Light. J’ai tout de suite été charmée par les influences Insomnium ainsi que les passages doom mélodiques me rappelant Swallow the Sun. Et surtout, le groupe a montré être aussi bon en live que sur album lorsque je les ai vus en novembre avec Omnium Gatherum (vous pouvez d’ailleurs retrouver le report de ma collègue Fée Verte). J’avais donc hâte de les revoir.

Wolfheart arrive sur scène avec des lights beaucoup plus sombres que les précédents. Un changement de line-up à noter pour cette tournée : le guitariste Mikka Lammassaari a quitté le groupe il y a peu pour se concentrer sur ses autres projets (parmi lesquels Eternal Tears of Sorrow). Il est remplacé par ni plus ni moins que Vagelis Karzis, ancien de Rotting Christ. Niveau son, je suis globalement rassurée : même si les basses sont toujours assez fortes, on entend un minimum les vocaux de Tuomas et les backing de Lauri, le bassiste. Et les Finlandais commencent comme en novembre par deux de mes titres préférés, « Everlasting Fall », morceau épique qui ouvre le dernier album et le superbe « Aeon of Cold » de Shadow World avec son intro au piano. Oui, niveau setlist, peu de changement par rapport à la dernière fois si ce n’est qu’on aura eu droit à un titre de moins du dernier album, remplacé par « Veri ». Je ne m’en plains pas non plus parce que je ne m’en lasse pas. Wolfheart sait alterner entre passages mélodiques propices à l’émotion, montées épiques, morceaux pleins d’efficacité à faire bouger la tête … En particulier « Breakwater », sur lequel Lauri Silvonen tentera d’ailleurs de lancer un circle pit. Il sera le seul à parler ce soir mais se montrera très communicatif, nous remerciant, nous incitant à frapper en rythme etc. Tuomas Saukkonen (guitare, chant, tête pensante du groupe) demeure lui tout aussi réservé qu’à son habitude.

Après un temps de jeu qui m’aura semblé presque plus court que pour les groupes précédents, on nous annonce que « Ghost of Karelia » sera le dernier morceau de la soirée. Wolfheart quitte donc la scène après une nouvelle belle performance.

SETLIST : Everlasting Fall / Aeon of Cold / Strengh and Valor / Breakwater / Veri / Zero Gravity / The Hunt / Ghost of Karelia

CARACH ANGREN

La TA de la soirée est donc Carach Angren, fameux groupe de Black Sympho avec son approche résolument moderne, bien loin des sonorités 90s à la Emperor ou encore Limbonic Art (qui auront toujours ma préférence dans le style). Les Néerlandais ont finalement su faire quelque chose se démarquant assez des autres groupes, avec une production de taille et un concept théâtral autour de diverses histoires d’horreur. C’est bien cet aspect-là qui m’a attirée ce soir : l’envie de voir un show bien rodé, moi qui aime aussi tout ce qui touche aux arts de la scène au-delà de la musique.

Et Seregor (chant) est en effet en grande forme pour assurer le spectacle, autant par son charisme que par son attitude théâtrale. A la limite du conteur, il fait vivre les compos du groupe, sortira son masque crâne/couronne pour « Pitch Black Box » après avoir égorgé et bu le faux sang d’un mannequin pour « Blood Queen ». Le public n’est pas en reste, et une grande partie semble d’ailleurs connaître par cœur les parties narrées des morceaux, les reprenant en chœur.

Le son est globalement meilleur, même si j’ai du mal à entendre les claviers lorsqu’ils jouent en même temps que les autres instruments (sûrement cette fois du fait que je suis à l’autre bout de la scène de l’ampli). Je regrette aussi que le groupe n’ait pas de bassiste. Ce n’est pas vraiment dérangeant en soi, les morceaux fonctionnent très bien sans, mais le reste est tellement chiadé que je ne peux pas m’empêcher de trouver cela un peu dommage. En tout cas, pas de temps mort dans le set, Seregor et ses trois comparses nous tiennent en haleine pour un concert qui sera au final assez long, se terminant peu avant 23h. Et le set a même apparemment été raccourci de deux morceaux par rapport à ce qui était prévu sur la setlist. J’aurais bien aimé entendre « Bitte tötet mich », mais la setlist était tout de même déjà bien remplie comme ça. Aucun morceau de l’avant-dernier album cependant, mais les quatre autres ont été tous bien représentés. On remarque au final peu d’évolution musicalement entre les albums, la musique est principalement mise au service de l’histoire racontée. Parti pris assumé qui ne gâche en rien la qualité et la complexité des compositions, ce qui s’entend aussi bien en live. Carach Angren nous quitte après « Bloodstains on the Captain’s log » du second album, et la Maroquinerie se vide rapidement au vu de l’heure tardive.

SETLIST : The Sighting Is A Portent Of Doom / General Nightmare / The Carriage Wheel Murder / Spectral Infantry Battalions / In de Naam van de Duivel / Blood Queen / Charlie / Pitch Black Box / A Strange Presence In The Woods / Heretic Poltergeist Phenomena / The Funerary Dirge Of A Violonist / Bloodstains on the Captain’s log

Merci à Garmonbozia pour ce plateau et pour l’accréditation !

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