Belenos / Nydvind / Griffon

Ça y est, le mois de septembre est enfin arrivé ! Il signe donc la fin des vacances et le retour à nos préoccupations du quotidien. Septembre marque ainsi la reprise du boulot, la rentrée des classes, mais aussi la reprise des concerts, après un été qui fut pour ma part riche en voyages et en festivals. Le moment était donc venu de démarrer cette année musicale avec une affiche on ne peut plus alléchante, placée sous le signe du Pagan Black Metal.

En effet, en ce vendredi 20 septembre, l’association Morrigan Asso décida de faire jouer trois représentants de la scène française : les Parisiens de Griffon pour ouvrir la soirée, ainsi que deux groupes majeurs du Pagan Metal hexagonal : les Franciliens de Nydvind, qui ont sorti leur dernier album il y a un an et les Bretons de Belenos, qui profitaient de cette soirée pour faire la release party de leur nouvel album Argoat. Un sacré plateau donc, que l’association décida de mettre en place dans son fief, au sein de la salle bien connue du Ferrailleur, à Nantes. Autant dire qu’entre l’affiche exceptionnelle réunissant trois groupes que j’aime, dont deux faisant partie de mes préférés, le lieu du concert et mon temps libre pour le week-end, ce fut difficile de résister à l’appel de la ville des ducs de Bretagne. C’était donc décidé : j’allais me rendre au Ferrailleur le vendredi pour le concert, avant de profiter du lendemain pour visiter la ville, que l’on dit si charmante et agréable.

Après un voyage pour une fois sans galères imprévues, je débarque à Nantes aux alentours de 14h30. Le temps de me rendre à l’hôtel, de poser mes affaires et de récupérer du voyage, c’est vers 17h que je quitte ma chambre pour me diriger vers l’île de Nantes, là où se trouve le Ferrailleur. Le temps de me balader un peu sur l’île, et je retrouve l’équipe de Morrigan Asso, et surtout sa présidente, Maëlle, qui n’est autre que la patronne de Valkyries Webzine ! Après divers conversations et avoir fait l’interview de Nydvind, je me dirige vers l’entrée afin de découvrir la salle de concert.

Vu de l’extérieur, la configuration de la salle fait un petit peu penser à celle du Petit Bain à Paris, à l’exception que le Ferrailleur, bien que situé sur l’eau, ne soit pas une péniche. A l’intérieur, la salle, bien que toute petite, est plutôt bien aménagée, avec une scène certes restreinte, mais qui a l’air assez bien organisée. Personnellement, j’ai l’impression d’avoir un mix entre le Petit Bain et le Backstage à Paris. Enfin, pour les plus assoiffés, deux bars étaient à disposition du public, l’un dans la salle et l’autre à l’extérieur. Maintenant le tour des lieux fait, le moment d’attaquer la soirée arriva, avec l’arrivée sur scène du premier groupe de cette soirée, à savoir Griffon.

 

GRIFFON

C’est donc aux Parisiens de Griffon que revient la lourde tâche d’ouvrir cette soirée 100% Pagan Black français. Si j’aime habituellement beaucoup la formation, notamment ses deux précédentes sorties que sont l’EP Wig Ah Wag et l’album Har Hakarmel, j’avoue avoir eu du mal à pleinement adhérer aux compositions de son split EP avec Darkenhöld, qui, si elles ne manquent pas de qualités, ne possèdent clairement pas la même intensité et l’émotion que celles de l’EP ou de l’album. Mais qu’à cela ne tienne, ayant déjà vu le quintet deux fois, je sais que je vais assister à un concert maîtrisé et abouti. Et ce fut effectivement le cas, malgré le fait que le chanteur Aharon semble plus mesuré et moins théâtral qu’à l’accoutumé. Pourtant, l’homme dégage toujours un charisme certain grâce à sa silhouette élancée et son phrasé narratif, un phrasé qui nous conte tour à tour la chute des grands empires de l’Histoire tels que Rome, Jérusalem ou Constantinople. Diverses thématiques qui sont retranscrites dans les titres de Atra Musica, avec leurs aspects presque grandiloquents et lyriques, le tout embelli par des mélodies de guitares retranscrivant une ambiance quasi médiévale, voire néo classique. Mais les morceaux les plus convaincants du set restent pour moi ceux du premier album, ces derniers sont d’ailleurs ceux qui retranscrivent le mieux la dimension médiévale épique voire nostalgique qui émane du groupe, des hymnes tels que « La Cité est perdue » ou « Tout est accompli » permettent de conclure la prestation avec une certaine aura à la fois conquérante, lancinante et mélancolique. Bien qu’étant un peu moins marquante que mes précédentes fois, cette nouvelle apparition scénique des Parisiens a confirmé tout le potentiel du groupe, un potentiel qui ne demande plus qu’à être confirmé sur un deuxième album. Un bon début de soirée, qui ne fait que commencer…

 

NYDVIND

Après un changement de plateau effectué derrière un rideau noir (ce qui permet de garantir un certain effet de surprise), les premières notes de « Plying The Oars », intro du dernier album de Nydvind, retentissent. Cette date est la première depuis le Cernunnos Pagan Fest 2018 et pour ce soir, il y a quelques changements niveau line-up. En effet, le guitariste Loic Courtete et le batteur Eric Tabourier sont absents pour raisons personnelles. Ce sont donc Geoffroy Lacarriere, guitariste de Azziard et Charlie Videau qui les remplacent pour ce concert et celui du lendemain à Bordeaux. On peut donc instinctivement se questionner sur l’impact que peut avoir l’absence de deux membres habituels du combo lors de ce show.

Et bien, s’il faut être honnête, la différence de personnel ne se fit absolument pas sentir, les deux musiciens remplissant leur rôle à la perfection, au même titre que les musiciens fondateurs Nesh et Richard, ce qui permit à Nydvind de livrer comme à son habitude une prestation solide et guerrière, mais pas que, puisque le groupe nous aura proposé des morceaux assez représentatifs des différentes facettes qui composent son spectre musical. Car bien que l’ensemble de la prestation fut chargée en ambiances guerrières et pagan, à l’image de titres comme « Skywrath » ou « Thunderhymn », Nydvind prit la peine de nous dévoiler des atmosphères variées, à l’image du parti pris sur son dernier album Seas of Oblivion, qui proposait des morceaux complets mélangeant riffs accrocheurs et guerriers et atmosphères lancinantes et oniriques, sublimées par de magnifiques mélodies.

Tous ces aspects se retrouvent dans « Sailing Towards The Unknown », qui nous transportent sur un océan tantôt calme, tantôt agité et violent (cf chronique de Seas Of Obivion). Une couleur plus folk et entraînante est également apportée par le sublime « Nordic Dawn », mais aussi et surtout par une surprise de choix, la présence de l’interlude « The Serpentine Call », qui n’a plus été joué depuis le Cernunnos 2013 et qui figurera sur le prochain album Telluria, un morceau mêlant bouzouki et lead guitares pour un résultat des plus apaisants et contemplatifs. Enfin, l’aspect plus froid et hivernal n’est pas oublié, avec les titres tirés du premier album que sont « Eclipse Over The Shadowland » et « Empire of Frost », qui nous rappellent l’essence même du son Nydvind, ce pourquoi le groupe s’est lui-même baptisé « Nordic Heathen Metal ». L’une des valeurs sûres de la scène Pagan Metal a encore une fois effectué un sans faute, et l’on attend avec impatience le deuxième volet de la saga des éléments, ainsi que les prochains concerts, qui devraient voir le groupe proposer des morceaux aux ambiances encore plus riches et épiques sur un set cette fois-ci plus long. On l’espère !

Setlist : Plying The Oars // Skywrath // Thunderhymn // Sailing Towards The Unknown // The Serpentine Call // Nordic Dawn // Eclipse Over The Shadowland // Empire of Frost

 

BELENOS

L’heure est à présent venue d’accueillir la tête d’affiche de la soirée, les Bretons de Belenos. Pionnier de la scène Pagan Black française à l’image du groupe précédent, le projet mené par Loic Cellier fête ce soir la sortie de son nouvel album Argoat, qui sans surprise s’est révélé être un excellent album, revenant aux sources de la musique de Belenos, celles d’un Pagan/Black épique et sombre teinté d’une aura celtique et brumeuse, comme à la grande époque de Spicilège. Au vu de mon amour pour ce groupe, j’en attends énormément ce soir, surtout après sa prestation dantesque du Cernunnos 2018.

Avec un peu plus d’une heure de set, le groupe pioche dans la totalité de sa large discographie, proposant à l’image de Nydvind des morceaux aux atmosphères diverses, bien que les maîtres mots durant toute la prestation furent intensité, noirceur, riffs conquérants et ambiance solennelle voire mystique. Une atmosphère sombre présente notamment grâce aux nombreux chœurs, ainsi qu’aux voix black de Loic et Yohann, qui contribuent à l’aspect plus violent et viscéral.

Le groupe semble vraiment ravi de faire la release party de son dernier-né chez lui, c’était même sa volonté d’après les dires de Loic, qui tiendra à s’excuser pour le manque de répétition, espérant que cela ne s’entende pas trop. Pour moi, ainsi que pour la plupart des spectateurs je suppose, cela ne s’entend guère, quand on constate une fois de plus la maîtrise dont fait preuve Belenos ce soir, et cela tout en gardant un certain côté brut, voire spontané dans certains riffs et certaines mélodies, on pense alors à « Chants de Bataille », « Armorika » ou bien « Morfondu ».

Tous les côtés du groupe sont présents sur scène durant la dizaine de titre joués : ambiances païennes et celtiques avec « Nozweller » et « Huelgoat », mais aussi des morceaux à l’atmosphère sombre et torturée comme le classique « L’Enfer Froid » ou les titres extraits des démos que sont « Le Déluge » et « Le Déchirement ». Un peu de mélancolie et de contemplation sont également de la partie, grâce à « L’Antre Noir » et surtout « D’an Usved », qui tout le long de ses douze minutes nous transportent dans les méandres de l’Autre Monde des Celtes. Immersif, aérien et contemplatif, ce morceau conclut de la plus belle des manières le concert de la bande, ainsi que la soirée, assurément riche en émotions.

Pour ce qui est du bilan de cette soirée de reprise pour moi et pour Morrigan Asso, ce fut carton plein. Les trois groupes ont su donner le meilleur d’eux-mêmes et ont réussi à nous proposer des shows à la fois différents et très complémentaires. Mes attentes ont donc été parfaitement satisfaites, et même au-delà, puisque l’aspect très convivial du Ferrailleur, ainsi que la ville de Nantes m’ont grandement donné envie d’y retourner pour de prochaines aventures musicales.

Un immense merci aux groupes, au Ferrailleur, à toute l’équipe de Morrigan Asso et à Maëlle pour l’organisation de cette soirée et l’accréditation !

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