Amorphis / Soilwork / Jinjer / Nailed to Obscurity

Voilà maintenant déjà un peu plus de trois ans que j’avais vu Amorphis pour la première et dernière fois. Mais la formation finlandaise n’était que première partie sur la tournée où Nightwish et Arch Enemy se partageaient la tête d’affiche, autant dire que le set était passé bien trop vite ! J’avais donc une revanche à prendre, et le retour du groupe en terres françaises en ce début d’année 2019 fut l’occasion parfaite, puisque celui-ci était en co-headlining avec Soilwork, et soutenu par Nailed to Obscurity et Jinjer en première partie.

Le rendez-vous est donc donné le 6 février au Cabaret Sauvage à Paris. La première et dernière fois où je me suis rendue dans cette salle date également, puisque c’était il y a presque trois ans. Et c’était pour un concert de folk traditionnel, une toute autre ambiance ! Cette fois-ci, je n’ai pas eu de difficultés à retrouver la salle, et à mon arrivée, peu après l’ouverture des portes à 17h, ça ne se bouscule pas trop à l’intérieur. J’aurais ainsi très bien pu en profiter pour me faire une place de choix au premier rang, mais n’étant pas tout à fait au mieux de ma forme ce soir-là, j’ai préféré m’asseoir à l’une des tables sur le côté.

Quasiment une heure plus tard, la formation allemande Nailed to Obscurity entre en scène. J’avais découvert le groupe l’année dernière au Ragnarök Festival, et la prestation m’avait plutôt convaincue. Le quatrième album est sorti il y a à peine un mois chez Nuclear Blast, et j’avoue avoir décroché assez rapidement lorsque j’ai voulu l’écouter. En revanche, je constate assez rapidement que les nouveaux morceaux font leur petit effet en live et sont bien plus percutants que sur album. Le growl, tout comme le chant clair, étaient maîtrisés. Pour du death/doom mélodique, la prestation était énergique, et j’ai beaucoup apprécié les incursions progressives à la Opeth, ainsi que les phases à la fois mélodiques et mélancoliques à la Insomnium. C’était le premier passage du groupe en France, et malgré un problème technique en début de set qui a gâché quelque peu la fête, le groupe a bien rebondi, encouragé par un public indulgent. C’était pourtant mal parti, car le chanteur, déstabilisé par ce léger incident, a mis le temps avant de s’adresser à nous pour nous occuper tant que le souci n’était pas réglé. En tout cas, je n’ai pas vu passer cette demi-heure de set, ce qui est plutôt bon signe !

L’avis d’Herja :

Après 40 minutes de métro, 30 autres (véridique, j’ai regardé l’heure) à me perdre dans La Villette… J’ai enfin réussi à arriver au Cabaret Sauvage ! Peu de monde à l’ouverture des portes, j’ai donc pu me coller à la barrière pour la soirée. Et celle-ci commence direct avec ce qui sera la bonne surprise de l’affiche : Nailed To Obscurity.

Signés chez Nuclear Blast depuis leur dernier opus Black Frost sorti le mois dernier, les Allemands officient dans un death melo à tendance doom. Lumières bleutées, l’ambiance est assez intime.

J’ai personnellement trouvé les compos bien ficelées, juste ce qu’il faut entre l’aspect mélancolique et le rentre-dedans (tout est relatif hein, on reste sur du doom/death melo), bref, un bon moment pour commencer cette soirée. Eux-mêmes sont assez énergiques sur scène, en particulier le chanteur qui semble vivre à fond ses compos. Mais le public semble malheureusement assez peu réceptif… Jusqu’au petit indicent technique du groupe, qui semble étrangement réveiller un peu la masse. Le chanteur, assez gêné, a timidement tenté d’échanger un peu avec nous. Heureusement pour lui, les choses ont fini par repartir et leur set s’est terminé sans encombre.

SETLIST : Black Frost / Feardom / The Aberrant Host / Tears of the Eyeless / Desolate Ruin

Dix minutes plus tard, on enchaîne déjà avec le groupe ukrainien Jinjer. J’avais entendu beaucoup de bien de ce groupe, mais j’ai préféré attendre de le découvrir en live pour me faire ma propre idée, bien que je m’attendais à ne pas aimer vu le style … Et ça n’a pas loupé, le metalcore, je n’y arrive vraiment pas, même si je dois admettre que la frontwoman Tatiana Shmailyuk ne se défendait pas trop mal. Peut-être un peu trop même, car son énergie débordante effaçait inconsciemment celle moins prononcée des musiciens qui l’accompagnaient. Même les incursions progressives ne m’ont pas tellement convaincue, les passages en chant clair, pas beaucoup plus… Et l’intro d’un des morceaux, bon Dieu, on se serait cru à un concert de rap… En revanche, le fan-club était au rendez-vous, j’imagine que quand on aime le metalcore ça passe bien (?)… Bref, je crois que ce set de trois-quarts d’heure aura été l’un des plus pénibles de mon existence.

L’avis d’Herja :

Changement de décor et d’ambiance, pendant que la salle continue de se remplir.

Je ne m’étalerai pas trop sur Jinjer, ayant un avis assez similaire à celui de Fée Verte sur le groupe… Deuxième fois que je les vois en live (mais première fois d’aussi près), et mes impressions ne font que se confirmer : musique certes énergique mais qui ne me touche pas un poil, groupe totalement effacé (bien que les zicos soient loin d’être des branques) tandis que la chanteuse prend toute la place sur le devant de la scène et assure très bien le show.

Le public est d’ailleurs au rendez-vous pour l’acclamer – je savais qu’ils étaient populaires, mais peut-être pas à ce point.

Bref, raté pour moi mais je m’y attendais, et la suite m’a clairement fait oublier ce petit moment d’ennui !

SETLIST : Words of Wisdom / Ape / I Speak Astronomy / Dreadful Moments / Teacher, Teacher / Who’s Gonna Be the One / Pisces / Perennial / Sit Stay Roll Over

Deux ans et demi ont passé depuis la première et dernière fois que j’ai vu Soilwork. Autant au Motocultor Festival j’avais réussi à mettre mes a priori de côté sur la formation suédoise, autant ce soir, je ne devais définitivement pas être d’humeur à affronter un deuxième groupe orienté « core ». Parce que oui, malheureusement pour moi, le set de cette tournée était plus « metalcore avec des touches melodeath » que l’inverse, avec une setlist principalement (et logiquement) axée sur le dernier album. Seuls quelques solos auront retenu mon attention, je dois admettre que cette branche moderne du death mélodique avec des claviers futuristes n’est pas ce qui me touche le plus. Jusqu’à maintenant, les seuls points communs entre les groupes (et on risque fortement de le retrouver par la suite avec Amorphis), c’est l’alternance entre growl et chant clair, ainsi que l’effort de parler un peu français.

L’avis d’Herja :

Ma connaissance de Soilwork se résume basiquement aux albums Natural Born Chaos et Stabbing the drama. Ces lacunes ne m’ont en tout cas pas empêchée de passer un excellent concert !

Soilwork, c’est juste l’efficacité pure : pas de temps mort, toujours une bonne mélodie ou de bons riffs, un bon refrain à chanter à tue-tête, du groove et de l’énergie. J’apprécie définitivement de plus en plus le chant clair dans Soilwork, que je trouve moins criard et plus varié que la plupart des groupes de metalcore auxquels j’accroche très peu (bien que Soilwork soit toujours souvent classé dans le death melo… Ça doit jouer sur mon appréciation, d’ailleurs.

Tous les membres du groupe sont plutôt en forme ce soir, et cet enthousiasme est plus que communicatif. Björn Strid nous trouvant d’ailleurs un peu mous pour lui, une petite intervention au micro de son guitariste français Sylvain Coudret aura vite fait de définitivement nous réveiller.

Petit point négatif (mais complètement subjectif), la setlist m’aura moyennement emballée malgré sa longueur (16 titres). Le dernier album, Verkligheten, était largement représenté. On notera d’ailleurs la tentative plutôt infructueuse de monsieur « Speed » de nous faire prononcer correctement le titre … Je ne vais pas trop me plaindre non plus, j’ai eu droit à « As we speak » de Natural Born Chaos, et 3 titres de Stabbing, dont l’éponyme et son refrain beaucoup trop entêtant (« I’m waiting for something to shoooow »).

Bref, merci Soilwork ! (Et merci pour le médiator. Je suis sûre qu’avec ça, je vais tout à coup passer de pauvre débutante qui-galère-à-enchaîner-2-power-chords à Reine du Shred !)

SETLIST : Verkligheten / Arrival / The Crestfallen / Nerve / Full Moon Shoals / Death in General / Like the Average Stalker / The Akuma Afterglow / Drowning With Silence / The Phantom / The Nurturing Glance / Bastard Chain / As We Speak / The Living Infinite II / Witan / Stabbing the Drama / Stålfågel

Ma motivation principale de la soirée est désormais proche, enfin je vais revoir Amorphis ! Bien que j’aie préféré Under The Red Cloud à son successeur Queen of Time, je tenais à revoir la formation finlandaise, et à très peu de choses près, je n’ai une fois de plus pas été déçue ! Je suis toujours autant touchée par le timbre de voix de Tomi Joutsen, autant en growl qu’en chant clair, l’alliance parfaite entre puissance et émotion. L’ambiance était à son comble, notamment lors des quelques passages orientés « folk », le public chantait en chœur, c’était comme une grande fête. On aurait presque dit un concert d’Orphaned Land ! Même s’il était difficile de se concentrer sur les musiciens dans la mesure où Tomi a une grande prestance, j’ai également été particulièrement séduite par Tomi Koivusaari, guitariste rythmique qui secondait Tomi Joutsen au growl. Après une petite heure de set, le groupe quitte momentanément la scène, et offre un petit rappel sous les acclamations du public, avec « Death of a King » et « House of Sleep ». J’aurais juste beaucoup aimé me défouler sur « The Four Wise Men », mais une fois de plus, Amorphis a tenu toutes ses promesses !

L’avis d’Herja :

Queen of Time, sorti l’année dernière, s’est vite taillé une place dans mes albums préférés d’Amorphis. Je les attendais donc avec impatience sur cette tournée, qui était en plus ma première occasion de les voir en live.

Les Finlandais débarquent sur « The Bee », single de QOT, et… que dire ? Un Tomi en grande forme, charismatique et plutôt communicatif avec son public, et les autres musiciens, bien qu’un peu plus en retrait, sont loin d’être en reste… Une estrade en longueur occupait le devant de la scène, permettant au groupe (et surtout à Tomi Joutsen) d’avoir un jeu de scène assez dynamique et de vraiment surplomber la salle, perché au dessus. L’ambiance était excellente, le public très réceptif et l’atmosphère particulièrement immersive.

Leur partie aura duré autant de temps que celle de Soilwork, la tournée étant en co-headline. Et ici aussi, beaucoup de titres du dernier album ! Je ne m’en plains pas cette fois : les morceaux rendent très bien en live (à part peut être « The Golden Elk » que j’ai trouvé un peu morne). Le public est au rendez-vous et connaît manifestement très bien ces titres, au vu du nombre que nous étions à chanter les mélodies de « Message in the Amber », « Daughter of Hate », ou les paroles de « Wrong Direction ».

Je me dois quand même de mentionner « Bad Blood » et « Black Winter Day », qui auront été pour moi deux des moment forts de ce concert en dehors du dernier opus. Mais si je dois me plaindre… Oui, j’aurais aimé plus de morceaux de Tales, juste un ce n’était pas assez !

Le groupe revient sur scène pour un petit rappel de deux titres : « Death of a King » et « House of Sleep ». Un concert qui se finit donc en grandes pompes avec deux titres géniaux (surtout le deuxième, en toute objectivité), pour une soirée toute aussi mémorable !

SETLIST : The Bee / The Golden Elk / Sky Is Mine / Sacrifice / Message in the Amber / Silver Bride / Bad Blood / The Smoke / Wrong Direction / Daughter of Hate / Heart of the Giant / Hopeless Days / Black Winter Day / Death of a King / House of Sleep

Le 10/02/2019 à Lyon – Le Transbordeur

L’Elfe Noire se devait également d’affronter vents et marées pour assister à son premier concert de l’année, et pas des moindres. Après les moult pérégrinations dans les rues lyonnaises (comme d’habitude) qui lui ont fait rater les deux premiers groupes (comme d’habitude), elle arrive tout juste à la fin de la prestation de Jinjer, qu’elle voulait tant découvrir et dont elle ne profitera que des deux derniers morceaux. C’est donc une Elfe Noire fatiguée et blasée (comme d’habitude) qui fait ses premiers pas dans les locaux du Transbordeur.

  • SOILWORK

Le groupe fait une entrée manifestement très attendue de ses fans, ceux-ci fredonnant avec ardeur la plupart des titres joués par le groupe. Après le second morceau, le chanteur nous gratifie d’un sympathique monologue, saluant les trois autres groupes qui partagent l’affiche de cette tournée. Et l’Elfe Noire de lever les yeux au ciel lorsqu’il mentionne Jinjer avec triomphe, lui rappelant qu’elle venait (comme d’habitude) de rater une première partie à laquelle elle tenait tant à assister.

Bref, le début du concert me procure un certain enthousiasme par ses belles notes et mélodies qui s’enchaînent avec panache. Mais j’avoue m’être vite lassée du chant clair quelque peu hasardeux, puis mon impatience de voir Amorphis finit par prendre le dessus. J’aurai toutefois un petit coup de cœur sur le jovial et entraînant « Witan », joué avec une énergie contagieuse.
Par contre, à déconseiller aux épileptiques : par pitié, allez-y mollo sur le strobo !!

  • AMORPHIS

Qu’importe, de toute façon je suis venue surtout pour Amorphis. Et je ne vais pas le regretter, ho que non !
C’est sur les notes prolongées d’introduction de « The Bee », issu de leur dernier album Queen of Time qui sera à l’honneur ce soir, que le groupe fait son entrée. Ce titre me procurait déjà des frissons lors de son écoute sur album, mais alors là… C’est avec un sourire ému et les larmes aux yeux que je savoure l’entrée des six membres du groupe, sur cette mélodie magique qui me fait immédiatement léviter. Telle l’abeille qui prend son envol pour 1h15 (seulement…) de chair de poule et de poésie à l’état pur, je ferme les yeux et me délecte de ce moment tant attendu…

« The Bee », « The Golden Elk », « Sky is Mine », « Sacrifice » (OMG que c’est bon !!!)…, le groupe enchaîne les morceaux les plus puissants de sa discographie.
Je me laisse transporter par la grâce, la beauté pure des mélodies et la voix si délicieuse de Tomi, tant en growl qu’en chant clair.
Quand soudain…

C’est lors du titre « Message in the Amber » que j’ai une révélation. Nonobstant le fait d’avoir écouté des dizaines de fois leurs derniers albums, je prends soudain conscience, telle une claque spirituelle en pleine gueule, de la richesse de la musique d’Amorphis. Cette sensation ne me quittera plus jusqu’à la fin. Et aussi bien après… Car parfois, lors d’un live comme celui-ci, il se passe un truc, et il y a un «après». Le genre d’ «après» où l’on n’écoute plus les titres de la même façon…
« Death of a King » me fait sentir que l’on approche déjà (mon dieu, déjà ???) de la fin de cette envolée mélodique. Le public fredonne le titre en alternance avec le chanteur qui lui tend son micro tout au long du set, ce qu’il fera également de nombreuses fois lors de « House of Sleep » qui terminera ce concert.

Et oui, c’est déjà la fin… L’abeille doit se poser et sortir de ce rêve.
Non sans une petite pointe de frustration de n’avoir entendu l’un de mes morceaux préférés, « Under the Red Cloud », de l’album éponyme, et qui m’avait fait découvrir le groupe il y a trois ans de cela.

Une sortie triomphale, le groupe prend le temps de la pause pour une photo avec son public. C’est bras-dessus-bras-dessous, face à son auditoire, que les six membres du groupe finlandais se réunissent pour nous faire ses adieux de quelques chaleureuses révérences, après avoir complimenté les trois groupes qui les ont précédés.
J’aurais tant aimé bénéficier d’un check final avec les musiciens… Foutues barricades !

Même s’il m’a semblé avoir perçu, de mon oreille vieillissante et non initiée, bon nombre de fausses notes de la part des guitaristes, j’ai rarement ressenti une telle émotion lors d’un concert, du début à la fin. Fausses notes ou non, rien à battre. Ils m’ont fait frémir, rêver, voler, transporter… je leur pardonne tout.

Je n’ai qu’une hâte, qu’ils reviennent à Lyon, vite vite vite !!!

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